A l'occasion de la sortie du rapport de la commission d'experts sur l'impact de l'exposition des jeunes aux écrans, nous avons creusé une nouvelle fois ce sujet. La dernière fois on posait la question de savoir si cet écran était un doudou dans nos quotidien ?
Cette fois-ci on a cherché à expliquer cet acharnement à confier aux écrans comme s’ils étaient tous les maux de nos jeunesses. Et au delà d'une revue d'articles scientifiques qui ne cessent de modérer cet impact, on imaginait que ces critiques ne dataient pas d'hier, et qu'elles étaient déjà à l'oeuvre à propos de la télévision.
Et bingo !! On a trouvé ce texte très intéressant d'Elisabeth Baton-Hervé : "les enfants téléspectateurs, prégnance des représentations médiatiques et amnésie de la recherche".
Elle commence sont texte par ces mots : "Curieuse résistance que celle de l'opinion publique face à la lancinante question des effets des médias sur les enfants. Depuis la fin des années cinquante, les chercheurs ont montré que les jeunes spectateurs étaient beaucoup plus actifs qu'on aurait pu le croire. Pourtant, l'idée reste tenace, par exemple, d'un risque permanent d'exposition des enfants à la télévision. Ce prêt-à-penser est si pregnant qu'il remonte vers le monde de la recherche et y installe souvent un discours aussi double que celui des médias eux-mêmes, discours partagé entre la connaissance quelque peu rassurante des effets et la crainte perdurante que cela ne soit pas vrai. Toutefois, qu'il subsiste une part d'indétermination ne doit pas encourager les chercheurs à verser dans le relativisme aveugle, mais à interroger davantage la complexité des phénomènes en cause".
On peut formuler 3 pistes pour essayer de traiter de cette compléxité :
D’abord la difficulté depuis longtemps d’appréhender l’écran dans nos pratiques culturelles, et donc d’en fabriquer un objet d’étude à l’endroit non seulement de l’usage mais de son apport à nos vies, en partant du rapport du Ministère de la Culture sur 50 ans des pratiques culturelles.
Par ailleurs l’hypothèse d’une approche quasi hygiéniste de nos rapports aux technologies qui remonte aux origines des politiques sociales en encadrant les comportements de masse, à partir des travaux d'Anna L. Tsing dans Proliférations, ou de Guy Saez dans "L'état sans qualités".
Enfin un pas de côté avec cette dernière citation de Serge Tisseron dans un interview de la semaine dernière: « Beaucoup de mères seules n'ont pas besoin qu'on leur explique comment réguler le temps d'écran de leur bébé, elles ont besoin d'une place en crèche ». Et si l’écran restait aussi ce doudou social nécessaire à amortir la violence quotidienne ?
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